vendredi 8 avril 2016

L'autoédition & la Révolution Numérique


Suite au Livre Paris 2016 et à des échanges que j'ai eus avec les lecteurs mais aussi avec les acteurs de l'autoédition je me propose ici de présenter quelques remarques comme continuation d'un article antérieur http://alainkolb.blogspot.fr/2016/01/l-uberisation-et-la-sante.html 

Les transformations introduites par l'autoédition sont multiformes et multidirectionnelles. Ils touchent à la fois les auteurs, les éditeurs et les lecteurs mais aussi notre relation à l'écrit.
Les auteurs, par la possibilité qu'ils ont à prendre eux-mêmes en charge l'édition de leurs ouvrages, sans passer par l'intermédiaire d'une maison d'édition, peuvent présenter au public des œuvres diverses, plus rapidement.

Cela lui donne l'occasion de lier un contact avec ses lecteurs directement, via les réseaux sociaux. L’œuvre numérique étant changeable à souhait, elle peut être rectifiée en cours de route pour ainsi dire. Une autre possibilité est donnée par la publication d'une série, publiée régulièrement, pouvant être présentée en version complète à la fin. Ici aussi, la réactivité et le contact permanent avec le lecteur sont privilégiés. Comme le démontre le site monBestSeller où j'ai publié récemment, une bonne visibilité est obtenue très rapidement : http://www.monbestseller.com/manuscrit/5357-anonymx  

Les éditeurs, malgré une idée contraire par trop répandue, sont eux-mêmes intéressés par cette émergence. Non seulement ils surveillent ce petit monde qui se forme autour du numérique, mais s'informent du succès certain des quelques auto-édités. En effet, le passage de l'autoédition vers l'édition classique est assez fréquent. Comme ces exemples : Alice Quinn publiée désormais chez Michel Lafon a commencé en autoédition sur la plateforme Amazon. Ou bien Esther J. Hervy qui prépare la sortie de son Blackstage aux Éditions Les Presses Littéraires.

Le  lecteur ah! le lecteur que chaque auteur fut d'abord. Il a un choix quasi-illimité, eu égard aux heures de loisir dont il dispose. Cette multiplicité impliquera à coup certain des nouvelles formes de choix : œuvres plus concises à des prix raisonnables mais aussi le développement d'un marché de niche, voire des écrits désignés uniquement à un usage restreint ami, famille. À remarquer aussi l'augmentation des lecteurs potentiels : par la connectivité totale d'une tablette, d'une liseuse, d'un portable les occasions de rencontre entre auteur et lecteur s'accroissent exponentiellement.

Les caractéristiques de la nouvelle économie étant l'ubiquité et l'instantanéité, l'autoédition relève de cette Révolution Numérique. Elle modifie notre relation avec l'écrit lui-même : en le rendant accessible on peut à la fois être lecteur et auteur. Ubérisation de l'écriture diront les mauvaises langues : mais n'a-t-ont pas été témoin des publications des plus surprenantes ? N'avons nous pas assisté à des lancements, avec grand renfort publicitaire, des livres pistonnés ? Laissons pour une fois le lecteur décider. Il connaît mieux ses goûts et ses préférences que quiconque. C'est cela aussi la nouvelle économie : le lecteur est roi.

PS : Deux ouvrages sur l'autoédition ont retenu mon attention : Elisabeth Sutton & Marie-Laure  Cahier "Publier son livre à l’ère du numérique" et Charlie Bregman "L'autoédition pourquoi comment pour qui ?"





vendredi 25 mars 2016

Aurélien au salon Livre Paris 2016

Le salon fut tout d'abord une occasion de rencontrer les lecteurs. Souhait largement récompensé aussi par les échanges autour de l'univers du livre avec des visiteurs.







Ensuite le challenge : faire une bonne dédicace c'est plus difficile qu’initialement imaginé. Il faut trouver le mot qui marquera, la phrase qui plaira en fonction de son interlocuteur. Une expérience enrichissante en soi. Je n'oublierais jamais aucun de ceux pour qui j'ai dédicacé et que je remercie encore.






















J'ai découvert aussi la communauté des indés, des auto-édités. Des auteurs courageux, sortes de robins des bois de l'édition. Oui, parfois il vont jusqu'à offrir gratuitement leurs œuvres. Sur monBestseller.com notamment. Une communauté foisonnante de passionnés qui participe, sans le savoir parfois, à la Révolution numérique en marche.

http://www.monbestseller.com/


Et aussi les gens d'Amazon-les amazoniens-qui n'avaient de cesse d'être partout et d'être disponible tout le temps. Le concept de pitch-dating c'est hyper cool : présenter son œuvre devant un jury de trois en quelques minutes.




Au-delà de toute cette aventure des interrogations. À l'heure où les médias traditionnels s'emparent du sujet pourquoi l’auto-édité est autant ignoré, sinon vilipendé ? Certains sont déjà publiés avec des maisons d'édition. Pourquoi le changement doit être présenté comme un danger ? Pourquoi ne pas laisser le choix à nous citoyens, clients, lecteurs ? Pour moi le choix est fait : l'autoédition c'est dur mais c'est cool :



Merci à l'équipe monBestSeller Isabelle, Elisabeth, Christophe et Dominique, aux amazoniens sous l'impulsion de l'omniprésent Eric, aux nombreux auteurs parmi lesquelles Chris Simon, Alice Quinn, Esther Hervy, Charlie Bregman, Olivier Sourisse, Cédric Charles Antoine, Folco Chevallier... et à toi cher lecteur qui a fait du salon une réussite.

                                                                                                                                               Aurélien


lundi 29 février 2016

Vacances

AnonymX extrait :  

"Paul avait besoin de quelques jours de congé. Il voulait visiter l’Islande et se baigner dans le Bláa Lónið, le lac bleu à l'eau thermale, proche de Reykjavik. Mais ce n'était pas le moment d'un voyage trop lointain, car il ne pourrait se déconnecter qu'un ou deux jours maximum. Il opta pour une escapade au bord de l'océan, en France. Il ne voulait pas un endroit plein de touristes, il ne désirait même pas s'allonger sur la plage, il voulait juste sentir l'air iodé de l'océan. Voir de l'espace. Seul ou encore mieux en couple. Faire du bateau. C'est ça, il allait louer un yacht, et passer du bon temps avec Diane, qu'il négligeait depuis quelque temps.
   Il l'eut immédiatement. Elle travaillait dans son atelier.
   - Salut chérie, comment se passe ta création ?
   - Je suis en train de finir une toile. C'est une ancienne commande que je repoussais constamment par manque d'inspiration. Mais, attends une minute, je devrais t'en vouloir, non ? Pourquoi tu ne m'as pas appelée dernièrement ? Je t'avais laissé un message.
   Il avait complètement oublié. Diane lui avait demandé de participer à un vernissage au Centre Pompidou. Il détestait cet endroit. Le bâtiment aux tuyaux n'était ni usine, ni œuvre d'art et s'insérait mal dans le paysage. Il se demanda rapidement si c'était la fatigue ou l'aversion qui avait le plus contribué à son oubli.
   - Excuse-moi Diane, je suis très occupé en ce moment. En plus, j'ai perdu un vrai ami. Plus qu'un ami.Il s'agit de Jack Mercier. Il est mort !
   - Je suis désolée.
   - Peut-être que ce décès est lié à l'affaire que je traite en ce moment. Je suis à bout de souffle. Je ne peux plus me concentrer et j'ai besoin de prendre un peu... le large. Veux-tu faire du bateau ?
   - Demain mon client prendra le tableau et...
   - Je veux dire tout de suite. Je pars dans une heure. Tu peux laisser le tableau à quelqu'un.
   Paul savait que Diane aimait les surprises et que parfois, il fallait la mettre devant le fait accompli.
   - Je vais le finir dans une heure et le laisser au concierge. Rendez-vous dans deux heures, le temps que je me prépare.
   - Parfait.
   Il se dit qu'une heure supplémentaire lui laisserait l'occasion de lui chercher un cadeau.
   Il demanda à Pronto de lui dénicher un yacht.
   - Dans un petit port, proche de l'aéroport. Je veux passer le moins de temps sur terre. J'ai besoin de large, expliqua-t-il.
   - À La Rochelle. La piste est très proche du port de plaisance. En plus, il fera très beau, ajouta Pronto en vérifiant en même temps la météo.
   - Je veux un yacht de vingt-cinq mètres de long dans le port le plus proche.
   Pronto fit le tri en quelques secondes et il lui projeta sur l'écran géant du mur du salon plusieurs bateaux disponibles. Il remarqua un beau modèle de couleur bordeaux contrastant magnifiquement sur les vagues couleur turquoise. Il avait des intérieurs en cuir, cuivre et bois.
   - Je veux celui-ci.
   Pronto envoya une demande à la compagnie la plus réputée dans le domaine de l'économie collaborative des voyages. Elle mettait en relation des propriétaires de yachts et des touristes voulant emprunter leurs embarcations. La transaction était basées sur la confiance, hôte et invité ne se connaissant pas. La profession collaborative avaient énormément bénéficié de l'identification par ADN. Un saut qualitatif sans précédent, les fraudes étant passées à zéro, les entreprises collaboratives pouvaient assurer une intermédiation sans risque. Mais l'économie de partage, telle qu’elle était connue, offrait aussi d'autres bénéfices. Une famille du Périgord, s'assurant par ce biais, depuis deux générations, un revenu constant, réussissait à restaurer un château qui, autrement, serait tombé en ruine, faute de financement.
   Pronto effectua instamment le règlement pour la location du yacht. Il réserva deux places pour le vol Paris-La Rochelle et sortit la valise drone de voyage de courte durée, préparée à l'avance.
   Ensuite, il lança une recherche pour le cadeau de Diane. Il voulait quelque chose de vraiment spécial. Il finit par dénicher ce qu'il cherchait. Un drone express, aussi petit qu'un paquet de cigarettes, le livra juste avant le départ.
   Diane arriva en retard comme à son habitude et ils eurent juste le temps de sauter dans une voiture pour arriver à temps à l'aéroport. Le vol dura une heure et le port se trouvait en effet à dix minutes de l'aéroport.
En s'approchant du port de la Rochelle, Paul remarqua de loin la silhouette du bateau parmi tant d'autres locations et demanda à Diane lequel elle préférait. Il fut heureux quand elle désigna celui qu'il avait lui-même réservé.
   - Marée haute, on prend le large, larguez les amarres, annonça Paul après avoir il pris possession du bateau.
   Tout en mettant le moteur en marche, il sortit le petit paquet qu'il avait mis dans sa poche. Il savait que Diane ne se formalisait guère.
   - Tiens, c'est pour toi.
   Diane ouvrit la boîte émue. Il avait vu juste, la bague, d'un design unique, d’un grand joaillier, lui plaisait énormément. Elle  l’embrassa et Paul eut du mal à garder son cap. De la baie rentraient et sortaient doucement des yachts. Au coucher du soleil, ils étaient loin dans un océan bleu aux reflets d'or.
   La soirée fut magnifique, ils commandèrent des fruits de mer et des fruits exotiques livrés par drone des restaurants de la côte. Ils firent l'amour, écoutèrent de la musique dans la fraîcheur de l'océan et devant le ciel rempli d'étoiles. Ils se couchèrent tard, ivres de sensations nouvelles.
   Le matin après un petit-déjeuner au lit, Paul s'installa devant l'écran du yacht. Il ne pouvait pas résister, malgré la promesse qu'il s'était faite d'ignorer ses messages. Il ouvrit l'ordinateur du bord. Il y avait plusieurs mails qui pouvaient attendre et qui ne l'intéressaient pas véritablement. Il chargea Pronto, qui était toujours présent prés de lui, par transmission satellitaire, de répondre à la plupart des messages. Il y avait pourtant un court message de la part de Liz, qu'il ne pouvait pas ignorer :
   « Salut Paul. Où es-tu ? Je viens d'avoir les résultats de l'autopsie. On n'a trouvé rien d'anormal dans son corps. Aucune substance toxique ou poison. En ce qui concerne le médicament prescrit, on a en effet trouvé le Dinox, un vasoconstricteur et l'érythropoïétine, un produit dopant qui augmente la résistance physique du sang, en l'épaississant. J'espère que cela t'aidera. Je t'envoie en attaché collé le rapport complet. Tiens-moi au courant. Demain a lieu l'enterrement à Canarsie Cemetery mais je sais que tu ne peux pas venir aux États-Unis. À plus. »
   Bien que désireux de rester encore un peu au large, Paul sut qu'il n'était plus véritablement détendu. Diane perçut un changement dans le regard et l'attitude de Paul. Il avait le visage blême.
   - Notre escapade est-elle finie, devina-t-elle.
   - Je le crains. C'est très important. J'ai la preuve... "

vendredi 26 février 2016

Splendeurs des réseaux sociaux... et de la biotechnologie

   "En voyant Lorena Santos dans une vidéo postée sur Facebook il y a quelques mois, Jaquelin Sanchez a immédiatement pensé qu'il s'agissait de sa sœur perdue de vue depuis l'enfance.

   Deux sœurs, adoptées par des familles différentes après avoir perdu leurs parents dans l'avalanche de boue d'Armero qui a fait quelque 25.000 morts en Colombie il y a trente ans, ont été réunies, hier, grâce à des analyses ADN."                                                                                                                                                                                                                       

  Ces phrases dans un  langage journalistique traduisent en fait les profondes transformations de nos sociétés sous l'influence de la science pure et la science sociale. La biotechnologie et la théorie des réseaux dans ce cas. En effet, on assiste à une convergence de toutes les activités humaines grâce à ces réseaux sociaux. Ils ont la caractéristique d'êtres simples, mais d'engendrer des conséquences complexes. En cela, ils ressemblent aux langues qui, à partir d'un nombre réduit de lettres, créent des mots qui forment une infinité combinaisons.

   Et pour notre propos l'hélice ADN qui, à partir d'un nombre limité de codes, forment l’unicité de chaque milliard d'êtres vivants de la terre. D'abord reconnaissance humaine, chargée d'émotion qui peut faillir, ensuite confirmation scientifique infaillible de la proximité biologique de deux sœurs..

   Il ne s'agit pas ici d'établir une prééminence, mais les réseaux ont apporté la dimension supplémentaire dans la propagation des Sciences. Nous sommes mis en contact avec nos semblables d'une manière inouï dans l'histoire humaine. Il semble que des nouvelles Lumières peuvent baigner la Planète entière. Pas si certain : les forces les plus obscures trouvent leur cours adapté à leur abîme. Trouver une explication simple, rationaliser toute idéologie pernicieuse voici aussi le pendant de cette omniprésence.

   Mais ne font pas, toutes, justement partie de notre humanité ? Ne sont-ils pas des tendances de nos natures complexes et souvent paradoxales ?  Certes, les réseaux exposent de manière irréversible, 24/24  tout ce que l'on dit. Mais ils nous donnent aussi des solutions. Et des espoirs. Et plus encore, ils nous présentent à ce juge impartial : l'opinion publique, qui est désormais mondiale. 

 


 

 

mercredi 24 février 2016

Pronto et le plat nordique : le Lutfisk

 Extrait AnonymX


   Il appela Diane, qui était encore plus belle apprêtée pour l’événement et lui confirma sa présence. La soirée spéciale crowd-music, commençait dans moins d'une heure. Il avait juste le temps de se préparer. Pronto avait ouvert le robinet pour sa douche à la température idéale. Sous la douche, Paul demanda une autre musique. Il rappela à Pronto de vérifier le contenu de son frigo et de commander son épicerie hebdomadaire.
   - Ajoute quelque chose de nouveau, je ne sais pas, quelque épicerie fine, suggéra-t-il à Pronto. C'est pour une soirée à deux.
   - Produit à base de lait, de viande, de poissons, de légumes ?
Pronto commença à chercher dans Wikipédia.
   - Du poisson... oui. Mais suggère-moi un plat nouveau... exotique.
   - Le seul plat que tu n'as jamais goûté est le lutfisk suédois un poisson blanc délicieux et le Hákarl du requin putride et séché préparé en Islande.
   - Le Lutfisk c'est quoi, demanda Paul.
   - C'est de la morue séchée et ensuite macérée. La préparation se déroule en plusieurs étapes et nécessite près de deux semaines de soin au total. Un must suédois.
   - Commande du lutfisk pour une soirée à deux, avec du vin blanc qui va avec. Champagne en apéritif. Comme dessert, va pour une omelette norvégienne.

   Paul se réveilla avec un agréable souvenir de la soirée. Le lutfisk était en effet un plat délicieux. L’omelette norvégienne avait particulièrement impressionné Diane avec laquelle il avait passé la soirée. Elle était partie en pleine nuit, comme elle le faisait toujours. Au début, cela lui parut bizarre, il craignit qu'elle ne menât une vie double, mais tel n'était pas le cas. « Je veux obtenir la meilleure note personnelle de vie et je fais du sport après chaque sortie » lui déclara-t-elle un peu gênée. Cela l'avait un peu surpris, car elle avait un caractère ouvert et spontané. Elle était toujours enjouée au lit et Paul ne put que se féliciter de la chance qu'il avait de l'avoir rencontrée.
   Il lui envoya un hologramme, la remerciant pour la belle soirée passée ensemble. Il avait constaté qu'elle aimait particulièrement un mot après chaque rencontre. D'ailleurs, il sentait lui-même le besoin de lui écrire ainsi.

   Bien qu'étant samedi, il se mit tout de suite au travail. Décidément, cette affaire Vince lui était restée dans la tête. Il ouvrit son mail et trouva les détails biographiques que le couple Vince lui avait envoyés. Tout d'abord sur Piotr Rogozine. Né sous le régime de Poutine, qui s'était autoproclamé président perpétuel des Russes à partir de 2020, il avait mené une vie difficile dans une banlieue moscovite. Après quelques études en informatique et un périple à travers l'Europe, il avait émigré au Nouveau Monde. On ne connaissait rien de ses occupations depuis son arrivée. « A chaque interrogation, il répond qu'il a commencé comme tout immigrant » avait annoté Elsa. Pas grand-chose en effet, se dit Paul. Sa photo montrait un type mystérieux, la quarantaine, la peau pâle et une petite bouche bien dessinée qui contrastait curieusement avec son regard triste.
   Il lança une recherche sur Internet. Il tapa Piotr Rogozin et appuya sur entrée. Le mariage avec la veuve Joane Miller était en première position de recherche, ce qui prouvait que beaucoup de sites avaient couvert l’événement.
   Il était vrai que la plus grande prime jamais versée par les assureurs était particulièrement élevée. Deux cents millions de dollars. Paul conclut « Notre monde est en train de marcher sur la tête. Notre société est trop dépendante des assurances. »

lundi 22 février 2016

Évolution

Évolution

    Imagine que tu as presque fait le tour du monde en solitaire. Bientôt, tu arrives à Sydney ton port d'attache. Tu es fier et tu éprouves le bonheur sous la forme de son attente. L'anticipation qui est parfois plus forte que le bonheur lui-même. Une tempête soudaine, comme seul le Pacifique est capable, détruit partiellement ton navire. Ton GPS est avarié. Tu es projeté contre la paroi et perds connaissance. Quand tu reprends tes esprits, tu réalises ne pas avoir lancé de SOS. Tu regardes ta montre qui est cassée. Ton portable est introuvable. Balayé par une vague te dis-tu.
    Le gouvernail brisé, ton bateau flotte à la dérive. Tu essaies de réparer ton bateau. Il ne prend pas l'eau, c'est la seule bonne nouvelle. Peu-à-peu tu reconnais qu'on ne saura te trouver sans le signal indiquant ta présence. Une semaine passe, puis deux. Tu envisages l'idée de mourir seul au milieu de l'océan. Presque inconcevable de nos jours, te dis-tu. Tu rejettes cette possibilité avec toute la force de ta raison. L'instinct, lui, déverse quantité d'hormones dans ton flux sanguin. Tu es stressé. Tu réalises que tu es en mode de survie quand une lucidité presque irréelle te saisit. Tu rationalises tes aliments. Il faut que je vive le plus longtemps possible, te répètes-tu. Tu pêches. Tu improvises un collecteur d'eau de pluie. L'eau, c'est la vie, te dis-tu en finissant. Ainsi, l'espoir, meilleur ami et grand illusionniste, persiste au milieu de ta poitrine, sur ce bateau, au milieu de cet océan planète. Pourtant, aucun avion, aucun navire pendant déjà un mois.
Un beau matin, tu aperçois quelque chose. D'abord, une irrégularité à la ligne de l'horizon ensuite une tache plus sombre. C'est une île. Tu trouves le pistolet de détresse et tu tires incessamment en l'air si bien que tu finisses toute la munition. Pourtant personne en vue. Tu es en train de t’éloigner de l'île. Tu embarques à la va-vite sur une planche flottante quelques affaires et tu te mets à nager.
    Tu arrives exténué sur cette île inconnue qui deviendra ta demeure. Mais elle est inhabitée. Tu la découvres mois après mois, année après année. Elle est généreuse, il y a assez de nourriture. Tu as même réussi à faire pousser du blé car tu as récupéré sans réfléchir la couronne d'épi qui ornait ta cabine. C'était un cadeau de la part de ta copine ukrainienne où ce céréale est symbole d'abondance. Maintenant, tu fais du pain.
    Chaque soir devant le ciel étoilée, tu remarques le passage fugace d'un satellite. Il passe toujours à la même heure. Crée par l'être humain. Fiable, efficace, ponctuel.
Et là, tu te mets à réfléchir : afin de pouvoir communiquer avec toute la planète un seul portable suffirait. Un portable que tu trouves dans toute boutique obscure. Supposons que tu connaisses son fonctionnement par cœur. Pour en fabriquer un seul, tu as besoin de combien de siècles ? Car non seulement, il te faut récréer le plastique, extraire les métaux, obtenir le quartz mai il tu dois construire une centrale électrique afin de le charger. Et pour cela, tu ajoutes encore quelques siècles. Combien de savoir incorporé dans ces objets qui nous entourent ? Combien de millénaires d'évolution condensés dans le creux de nos mains ?
    Tu penses à ta ville. La civilisation te manque. Tu penses à ta maison, aux êtres chers que tu as connus. Tu verses des larmes.

vendredi 12 février 2016

L'Amour

AnonymX ( extrait )

   - Enfin, dit Diane en entrant dans l'appartement de Paul. Je pensais ne plus te revoir de sitôt. Tu m'as énormément manqué. Elle enroula ses bras autour de son cou et l'embrassa langoureusement. Diane avait mis un rouge à lèvres qui rendait fou Paul. Son goût indescriptible avait été en réalité conçu tout spécialement pour lui. Elle dégageait une odeur de parfum classique, mais aussi d’effluves plus subtils, car imperceptibles : des phéromones ; le subconscient masculin en était troublé.
   - Toi aussi, tu m'as beaucoup manqué. Paul avait la voix tremblante. Il sentait son cœur battre la chamade, comme sous l’effet d’un premier baiser. D’un naturel plutôt réservé, Diane l'avait surpris ; il ne s’attendait pas à de tels préliminaires. Il voulut l’entraîner dans la chambre à coucher.
   - Ne sois pas impatient, lui dit-elle. Elle s'assit sur la banquette en croissant ses jambes de manière à en faire admirer le galbe parfait. Elle souhaita un verre de Chardonnay, qu'elle dégusta longuement.
   - Je voudrais dessiner ton portrait, lui dit-elle. Son regard était intense, comme si cette perspective l'excitait terriblement.
   -Avec plaisir, approuva Paul.
   - Je veux, plus exactement, faire un nu de toi.
   "Le savait-elle, se demanda Paul. Être nu devant une femme habillée, un négatif du déjeuner sur l'herbe de Monet, était l'un de ses fantasmes."
   - Si tu veux.
   - Je finis mon verre et je prépare ma toile.
 Ce n’est qu'alors qu’il remarqua qu'elle avait apporté son matériel d'artiste.
   - Déshabille-toi, demanda-t-elle.
   Il s’exécuta. Il ôta un par un sa chemise, son pantalon et son slip. Entre-temps, elle avait fini son verre et le regardait avec satisfaction.
   - Où veux-tu que je me mette ?
   Diane le prit doucement par le bras et l'installa sur le tapis rouge de soie épaisse. Ses cheveux effleurèrent son épaule. En s’allongeant, soumis aux requêtes de Diane, il eut un frisson de plaisir.
   Elle s'installa devant son chevalet et commença son esquisse. Elle était belle ainsi, concentrée sur sa tâche. Il faillit à plusieurs reprises se redresser et l'emmener jusqu’au lit, mais chaque fois, intuitive, elle perçait son désir et l’intimait de ne pas bouger. Au bout d'une demi-heure, elle s’arrêta un instant, et, faisant semblant d'ignorer son regard, souleva sa minijupe pour retirer sa petite culotte. Elle le vit jeter furtivement un œil vers son sexe, parfaitement épilé. Elle remarqua son excitation et s'approcha de lui.
   Elle prit les choses en main, le caressa longuement, avant de s’installer à califourchon sur lui. Elle fit onduler ses hanches de manière très sensuelle, parfaitement synchronisée avec lui. Ils s’aimèrent ainsi, avides de goûter plusieurs positions, passant d’une pièce à l’autre de la maison. Ils finirent par s’échouer dans le grand lit de la chambre à coucher, où ils jouirent ensemble intensément. Ils s’allongèrent finalement, ivres l’un de l’autre.
   - C'était magnifique.
   - Oui, et ça l'est encore. Je rêve de t’avoir à mes côtés plus souvent.
   Paul comprit que Diane tenait à lui autrement qu’en simple ami. Cela tombait bien, car il pensait dernièrement de plus en plus souvent à elle.
   - Je peux dormir chez toi ?
   C'était la deuxième fois qu'elle ne rentrait pas chez elle après avoir fait l'amour.
   - Tu es toujours ici chez toi, aussi longtemps que tu le voudras.
   C'était la première fois qu'il disait une telle chose à une femme.