vendredi 8 avril 2016

L'autoédition & la Révolution Numérique


Suite au Livre Paris 2016 et à des échanges que j'ai eus avec les lecteurs mais aussi avec les acteurs de l'autoédition je me propose ici de présenter quelques remarques comme continuation d'un article antérieur http://alainkolb.blogspot.fr/2016/01/l-uberisation-et-la-sante.html 

Les transformations introduites par l'autoédition sont multiformes et multidirectionnelles. Ils touchent à la fois les auteurs, les éditeurs et les lecteurs mais aussi notre relation à l'écrit.
Les auteurs, par la possibilité qu'ils ont à prendre eux-mêmes en charge l'édition de leurs ouvrages, sans passer par l'intermédiaire d'une maison d'édition, peuvent présenter au public des œuvres diverses, plus rapidement.

Cela lui donne l'occasion de lier un contact avec ses lecteurs directement, via les réseaux sociaux. L’œuvre numérique étant changeable à souhait, elle peut être rectifiée en cours de route pour ainsi dire. Une autre possibilité est donnée par la publication d'une série, publiée régulièrement, pouvant être présentée en version complète à la fin. Ici aussi, la réactivité et le contact permanent avec le lecteur sont privilégiés. Comme le démontre le site monBestSeller où j'ai publié récemment, une bonne visibilité est obtenue très rapidement : http://www.monbestseller.com/manuscrit/5357-anonymx  

Les éditeurs, malgré une idée contraire par trop répandue, sont eux-mêmes intéressés par cette émergence. Non seulement ils surveillent ce petit monde qui se forme autour du numérique, mais s'informent du succès certain des quelques auto-édités. En effet, le passage de l'autoédition vers l'édition classique est assez fréquent. Comme ces exemples : Alice Quinn publiée désormais chez Michel Lafon a commencé en autoédition sur la plateforme Amazon. Ou bien Esther J. Hervy qui prépare la sortie de son Blackstage aux Éditions Les Presses Littéraires.

Le  lecteur ah! le lecteur que chaque auteur fut d'abord. Il a un choix quasi-illimité, eu égard aux heures de loisir dont il dispose. Cette multiplicité impliquera à coup certain des nouvelles formes de choix : œuvres plus concises à des prix raisonnables mais aussi le développement d'un marché de niche, voire des écrits désignés uniquement à un usage restreint ami, famille. À remarquer aussi l'augmentation des lecteurs potentiels : par la connectivité totale d'une tablette, d'une liseuse, d'un portable les occasions de rencontre entre auteur et lecteur s'accroissent exponentiellement.

Les caractéristiques de la nouvelle économie étant l'ubiquité et l'instantanéité, l'autoédition relève de cette Révolution Numérique. Elle modifie notre relation avec l'écrit lui-même : en le rendant accessible on peut à la fois être lecteur et auteur. Ubérisation de l'écriture diront les mauvaises langues : mais n'a-t-ont pas été témoin des publications des plus surprenantes ? N'avons nous pas assisté à des lancements, avec grand renfort publicitaire, des livres pistonnés ? Laissons pour une fois le lecteur décider. Il connaît mieux ses goûts et ses préférences que quiconque. C'est cela aussi la nouvelle économie : le lecteur est roi.

PS : Deux ouvrages sur l'autoédition ont retenu mon attention : Elisabeth Sutton & Marie-Laure  Cahier "Publier son livre à l’ère du numérique" et Charlie Bregman "L'autoédition pourquoi comment pour qui ?"