jeudi 26 novembre 2015

Pourquoi le terrorisme ne peut pas gagner et pourquoi il faut pourtant agir



    On a souvent soutenu que la lutte contre le terrorisme ne peut être gagnée. La bataille contre l'idéologie islamiste, elle, ne peut assurément pas l'être. Mais je continue de soutenir le contraire : le terrorisme peut être vaincu. Tout en gardant à l'esprit qu'il y a une condition avec laquelle il a des chances de l'emporter. Mais même dans ce cas la terreur est toujours une victoire à la Pyrrhus, une victoire détruisant tout autour.

    Qui souffre en premier des attentats ? Des études sérieuses impulsées par l’école de Chicago arrivent à la même conclusion : les personnes utilisant chaque jour les transports en commun sont les plus susceptibles d'en être affecté. Le 13 novembre la jeunesse, pour une grande part, sortie prendre un verre, écouter de la musique en fut la victime. Il paraît évident, pour prendre cet exemple, que posséder une résidence secondaire à la campagne prémunit contre des attaques perpétrées généralement en grandes agglomérations.

    Historiquement ensuite, aucun mouvement terroriste n'a infléchi de manière profonde le cours des événements. Depuis le Moyen Âge pour le moins. Les anarchistes, les sectes en tous genres ont toujours effrayé pour disparaître dans une condamnation totale par l'opinion publique. Encore une fois, cela n'enlève rien à la désolation que la terreur répand auprès des victimes et proches. Mais la méga-attaque du 11 septembre, elle-même, n'a pas provoqué l'effondrement de la bourse et de l'économie américaine. Et mondiale.


    L'opinion comme quoi il est impossible de vaincre le terrorisme me fait penser aux royaumes nord-africains. Les Barbaresques sillonnaient la mer Méditerrannée à la recherche de navires à saisir. Ils sont allé aussi loin que les côtes irlandaises. En cas de capture la cargaison était pillée et l'équipage était soit vendu comme esclave soit rachetée par les Européens. Ainsi prit naissance une pratique de rançon. Elle fut acceptée par tout le monde. Les commerçants avaient tous intégré le risque de la rançon dans leurs calculs, avant le départ en mer. Les Barbaresques formaient ainsi des véritables régimes assimilés à des kleptocraties jusqu’à la fin du 19ème siècle. Ces pratiques ayant duré plusieurs siècles, étaient considérées comme immuables. Pourtant elles furent arrêtées par l'imposition d'un droit naissant international.

    Il est possible de soutenir que le terrorisme gagne à une seule condition : que les pratiques soient acceptées par les victimes et par les bourreaux. Éventuellement les premiers espérant prendre leur revanche. Pourtant le terrorisme provoque plus de dégâts quand ses vues sont acceptées par une minorité. Ou excusées pernicieusement. Charlie Hebdo avec les « oui, mais ils l'ont cherché... » ont contribué à faire le lit du 13 novembre. Notre aveuglement fut total. Comme fut l'effet surprise de ce deuxième hyperattentat réussi en l'espace de seulement onze mois.


    Il faut rester optimiste et agir. Résilient aussi. Par sa cruauté intrinsèque mais aussi par l'impossibilité où il se trouve de gagner l'opinion publique, le terrorisme ne peut pas gagner. Le fait que le 11 septembre américain ne s'est pas reproduit en est encore une preuve. Mais paradoxalement cela doit nous pousser à plus d'action car il se nourrit de notre inattention. Eh oui, parfois de notre insouciance, dont on reproche tant aux Français. Que les terroristes ne changent rien c'est aussi un leurre : car des deux côtés de l'Atlantique, dans le monde entier, une certaine innocence est perdue. Nécessairement.


    Une chose est certaine : ce que les terroristes voient comme hautement valeureux n'est en réalité que le retour à une animalité que, depuis longtemps, l'être humain refuse. Et cela devrait aussi nous faire espérer que ces vestiges d'un monde ultraviolent, disparaîtront par une coalition planétaire.




lundi 23 novembre 2015

Déclaration d'AnonymX

AnonymX
(extrait)

 

 Ils ne pouvaient plus risquer la mort d'autres innocents. Paul prépara une déclaration sur-le-champ.

« En vertu du statut de notre association d'hackers libres et non violents, liberté et non-violence que nous considérons comme principes de vie inviolables,

En vertu de notre droit de punir et de pardonner virtuellement quiconque viole les principes de vie,

En vertu de la mémoire illimitée et infinie à laquelle nous avons accès, pour des faits particulièrement graves de black hacking ayant comme objectif l'assassinat de plusieurs centaines de personnes connues jusqu'à ce jour, décidons que l'avatar Hakill, de nom réel inconnu, de code ADN inconnu, qui a comme identité internet IP 172 16 254 1 ou 10101100 00010000 11111110 00000001

est banni à jamais de l'espace virtuel à partir de la seconde suivant la publication de cette décision. Nous le faisons animés du désir supérieur de faire cesser immédiatement son activité, pour éviter de nouveaux crimes.

Nous n'oublions jamais, nous sommes légion, nous sommes partout. »





   Paul présenta la lettre à la communauté AnonymX qui la valida à une écrasante majorité. Chaque membre l'envoya sur les réseaux sociaux de son choix et en moins d'une demi-heure, la déclaration avait touché des millions de citoyens. La seconde après la publication, Hakill, dont l'identité réelle restait encore à découvrir, perdit son existence numérique. Il était condamné à mort, pour ainsi dire. AnonymX avait mobilisé quelques centaines de terra octets qui avait vidé l'ordinateur de Hakill de toute ses informations. Ils l'avaient ensuite noyé dans une masse de junk mail qui le rendait inopérant. Pour s'assurer de l'innocuité de Hakill, ils avaient brouillé le décodeur génétique, si bien que... http://www.amazon.fr/gp/product/B013WP9D66/ref=s9_simh_gw_p351_d0_i1?pf_rd_m=A1X6FK5RDHNB96&pf_rd_s=desktop-1&pf_rd_r=08SP3ZEVP4598FQ8FJJ1&pf_rd_t=36701&pf_rd_p=577191267&pf_rd_i=desktop

vendredi 20 novembre 2015

L'esprit du 11 janvier


  
 Par temps de sécheresse, les tribus amérindiennes avaient comme habitude de se rassembler, au signal convenu, au milieu du village. Faisant cercle autour du chaman, ils regardaient avec espoir la danse de la pluie. Ce rituel, que les chefs du village assuraient l'utilité, était obligatoire. Le membre qui aurait lancé la moindre critique était rendu coupable de l'échec du rituel. Un enfant qui avait remarqué qu'une année avant la pluie n'était pas arrivée, fut immédiatement réprimandé par l'ensemble de la tribu. Son grand-père déjà, avait réalisé cela, mais avait renoncé depuis longtemps à faire de telles remarques de peur de ne pas être abandonné dans le désert.



    Le chaman, élu parmi les membres du village, était supposé voyager dans l'au-delà et faire des miracles. Il prévoyait même l'avenir. C'était un très vieux chaman. Il avait fait toute sa carrière politique, comme on dit aujourd'hui, sur ces thèmes. Il avait bien sûr remarqué que cela marchait rarement. Mais quelques fois des voyageurs venus de loin lui apportaient la nouvelle d'une humidité ailleurs. Il convoquait immédiatement l'assemblée pour le rite. Le reste du temps, il trouvait facilement un bouc émissaire : soit le rite avait été perverti par un mauvais geste, soit par un mauvais regard, soit, et cela marchait à tous les coups, par la mauvaise pensée d'un membre.



    "Alors, se demandait l'enfant, si la pluie ne vient pas, ses méthodes ne marchent pas". Il avait entendu ce mot « méthode » chez un cow-boy ayant séjourné parmi eux. Il lui avait soufflé qu'il aimait beaucoup la danse de la pluie de point de vue musical, mais qu'il existait une science pour prévoir la météo. Une autre pour trouver de l'eau. Son père avait discuté longtemps avec le cow-boy. Si vous ne faites rien une sécheresse encore plus terrible vous frappera plus fortement, avait-il prédit.



    Le père avait demandé un entretien avec les vieux du village. Après l'avoir écouté avec une certaine appréhension, ils demandèrent de consulter le chaman. Celui-ci écouta attentivement tout le monde. Il ne comprenait pas où il en voulait venir. De toute manière, les villageois ont besoin des mots de réconfort. Souvent, les esprits me donnent les paroles qu'il faut pour apaiser. Le premier chef qui, lui, comprenait que sa place était en jeu approuva. La météorologie n'est pas pour nous. Et pour l'instant, il faut calmer la tribu. Ils écartèrent rapidement l'intrus et ils convoquèrent un nouveau rituel en urgence. Le père avec sa famille fut écarté de la cérémonie, car ils pouvaient tout corrompre. Le père et toute sa famille avaient compris. Ils plièrent bagage et s’exilèrent loin, près d'une rivière.



    De temps en temps des voyageurs de passage leur rapportaient la présence des ruines d'un village plein d'ossements.