Par temps de sécheresse, les tribus
amérindiennes avaient comme habitude de se rassembler, au signal
convenu, au milieu du village. Faisant cercle autour du chaman, ils
regardaient avec espoir la danse de la pluie. Ce rituel, que les
chefs du village assuraient l'utilité, était obligatoire. Le
membre qui aurait lancé la moindre critique était rendu coupable de
l'échec du rituel. Un enfant qui avait remarqué qu'une année avant
la pluie n'était pas arrivée, fut immédiatement réprimandé par
l'ensemble de la tribu. Son grand-père déjà, avait réalisé cela,
mais avait renoncé depuis longtemps à faire de telles remarques de
peur de ne pas être abandonné dans le désert.
Le chaman, élu parmi les membres du village, était supposé voyager dans
l'au-delà et faire des miracles. Il prévoyait même l'avenir.
C'était un très vieux chaman. Il avait fait toute sa carrière
politique, comme on dit aujourd'hui, sur ces thèmes. Il avait bien
sûr remarqué que cela marchait rarement. Mais quelques fois des
voyageurs venus de loin lui apportaient la nouvelle d'une humidité
ailleurs. Il convoquait immédiatement l'assemblée pour le rite. Le
reste du temps, il trouvait facilement un bouc émissaire : soit
le rite avait été perverti par un mauvais geste, soit par un
mauvais regard, soit, et cela marchait à tous les coups, par la
mauvaise pensée d'un membre.
"Alors, se demandait l'enfant, si la
pluie ne vient pas, ses méthodes ne marchent pas". Il avait entendu
ce mot « méthode » chez un cow-boy ayant séjourné
parmi eux. Il lui avait soufflé qu'il aimait beaucoup la danse de la
pluie de point de vue musical, mais qu'il existait une science pour
prévoir la météo. Une autre pour trouver de l'eau. Son père avait
discuté longtemps avec le cow-boy. Si vous ne faites rien une
sécheresse encore plus terrible vous frappera plus fortement,
avait-il prédit.
Le père avait demandé un entretien
avec les vieux du village. Après l'avoir écouté avec une certaine
appréhension, ils demandèrent de consulter le chaman. Celui-ci
écouta attentivement tout le monde. Il ne comprenait pas où il en
voulait venir. De toute manière, les villageois ont besoin des mots
de réconfort. Souvent, les esprits me donnent les paroles qu'il faut pour apaiser.
Le premier chef qui, lui, comprenait que sa place était en jeu
approuva. La météorologie n'est pas pour nous. Et pour l'instant,
il faut calmer la tribu. Ils écartèrent rapidement l'intrus et ils
convoquèrent un nouveau rituel en urgence. Le père avec sa famille
fut écarté de la cérémonie, car ils pouvaient tout corrompre. Le
père et toute sa famille avaient compris. Ils plièrent bagage et
s’exilèrent loin, près d'une rivière.
De temps en temps des voyageurs de
passage leur rapportaient la présence des ruines d'un village plein
d'ossements.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire