vendredi 20 novembre 2015

L'esprit du 11 janvier


  
 Par temps de sécheresse, les tribus amérindiennes avaient comme habitude de se rassembler, au signal convenu, au milieu du village. Faisant cercle autour du chaman, ils regardaient avec espoir la danse de la pluie. Ce rituel, que les chefs du village assuraient l'utilité, était obligatoire. Le membre qui aurait lancé la moindre critique était rendu coupable de l'échec du rituel. Un enfant qui avait remarqué qu'une année avant la pluie n'était pas arrivée, fut immédiatement réprimandé par l'ensemble de la tribu. Son grand-père déjà, avait réalisé cela, mais avait renoncé depuis longtemps à faire de telles remarques de peur de ne pas être abandonné dans le désert.



    Le chaman, élu parmi les membres du village, était supposé voyager dans l'au-delà et faire des miracles. Il prévoyait même l'avenir. C'était un très vieux chaman. Il avait fait toute sa carrière politique, comme on dit aujourd'hui, sur ces thèmes. Il avait bien sûr remarqué que cela marchait rarement. Mais quelques fois des voyageurs venus de loin lui apportaient la nouvelle d'une humidité ailleurs. Il convoquait immédiatement l'assemblée pour le rite. Le reste du temps, il trouvait facilement un bouc émissaire : soit le rite avait été perverti par un mauvais geste, soit par un mauvais regard, soit, et cela marchait à tous les coups, par la mauvaise pensée d'un membre.



    "Alors, se demandait l'enfant, si la pluie ne vient pas, ses méthodes ne marchent pas". Il avait entendu ce mot « méthode » chez un cow-boy ayant séjourné parmi eux. Il lui avait soufflé qu'il aimait beaucoup la danse de la pluie de point de vue musical, mais qu'il existait une science pour prévoir la météo. Une autre pour trouver de l'eau. Son père avait discuté longtemps avec le cow-boy. Si vous ne faites rien une sécheresse encore plus terrible vous frappera plus fortement, avait-il prédit.



    Le père avait demandé un entretien avec les vieux du village. Après l'avoir écouté avec une certaine appréhension, ils demandèrent de consulter le chaman. Celui-ci écouta attentivement tout le monde. Il ne comprenait pas où il en voulait venir. De toute manière, les villageois ont besoin des mots de réconfort. Souvent, les esprits me donnent les paroles qu'il faut pour apaiser. Le premier chef qui, lui, comprenait que sa place était en jeu approuva. La météorologie n'est pas pour nous. Et pour l'instant, il faut calmer la tribu. Ils écartèrent rapidement l'intrus et ils convoquèrent un nouveau rituel en urgence. Le père avec sa famille fut écarté de la cérémonie, car ils pouvaient tout corrompre. Le père et toute sa famille avaient compris. Ils plièrent bagage et s’exilèrent loin, près d'une rivière.



    De temps en temps des voyageurs de passage leur rapportaient la présence des ruines d'un village plein d'ossements.



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