jeudi 29 octobre 2015

Courte histoire de l'argent - le bitcoin.

                              AnonymX
                                    ( extrait ) 
- Pouvez-vous effectuer le règlement en bitcoins ?...
- De toutes les époques, la monnaie fut constituée de diverses manières : les coquillages rares à l'intérieur des terres, les pierres rares dans le Pacifique et bien sûr, les métaux. Un exemple frappant était l’île de Yap, où l'on taillait des gros ronds de pierre, parfois de plusieurs centaines de kilos. On les transportait ensuite en pirogues sur des distances énormes, jusqu'à quatre cent cinquante kilomètres. La grosseur de la pièce signifiait ensuite la richesse, liée au rang du possesseur.
- Difficile pour régler une addition. Une telle monnaie conviendrait parfois à ma femme. Ça éviterait les dépenses inutiles.
- C'est pour cela aussi que le métal s'imposa, résistant, et facile à transporter. À l'origine, la valeur de la monnaie se confondait avec la valeur effective du métal : il fallait un métal rare pour justifier cette valeur. On trouve des pièces en cuivre, en fer et bien sûr en or et argent. Ainsi, le poids de la pièce en or correspondait à la valeur inscrite. Aisé à stocker, des pénuries de monnaie pouvaient apparaître même dans les royaumes les mieux pourvus. Tout cela à cause de la thésaurisation.
- Mais il existait aussi des excès d'or provenant des Amériques, provoquant l'inflation des prix.
- Exact, c'était la circulation monétaire qui était déficiente. Ainsi très tôt, on se rendit compte que si l'on indiquait le même chiffre sur une pièce plus légère, on pouvait tromper aisément la foule. Des rois allèrent jusqu'à limer la circonférence de toutes les pièces du royaume afin d'en faire des nouvelles. Mais l'invention majeure fut l'apparition du papier-monnaie, qui permettra de dissocier la valeur facile de la valeur réelle du billet. Au vingtième siècle encore, on pouvait exiger pour chaque billet de banque son équivalent en or.
- Personne n'en faisait la demande.
- Ou bien très peu. Heureusement, car si beaucoup de monde le faisait, ils se seraient rendu compte que l'or n’était pas suffisant pour couvrir le nombre de billets en circulation. Le système entier reposait sur la confiance, qui rendait inutile cette requête. Ainsi chacun détenait une monnaie dont la valeur réelle était inconnue de tous, pour ainsi dire. La tentation à imprimer des billets par les banques centrales n'en était que plus grande, ce qui se fit à plusieurs reprises, avec le même résultat : des inflations à répétition, certaines galopantes, allant jusqu’à un million de chiffres. La cotation en continu de la monnaie d'aujourd'hui, bien que diminuant le risque d'une telle manipulation, ne l'élimine pas tout à fait.
- Il n'y a pas d’équivalent à l'or mais alors l'étalon, ce serait l’activité économique exprimée dans le taux d’intérêt, n’est-ce pas ?
- Les banques ont souvent manipulé ce taux d’intérêt pour freiner ou augmenter la quantité monétaire. C'est pour pallier à cela que le bitcoin fut conçu vers la fin du vingtième siècle. Comme argent indépendant du pouvoir central. Comme le nom l'indique, c'est une monnaie créée en bits informatiques. La quantité en circulation ne peut être modifiée par aucune autorité gouvernementale. Son émission est réglée par un algorithme immuable. De plus, il y a une limite supérieure qui ne peut être dépassée, quoi qu'il arrive. Tout ce qui change est le rythme de la création monétaire, l’œuvre des mineurs virtuels, et bien sûr sa valeur en monnaies nationales. Les mineurs, ce sont des personnes physiques qui cherchent des bitcoins informatiques. Ces mineurs sont très actifs quand la valeur du bitcoin est haute, générant une grande quantité de monnaie en circulation, et faisant ainsi baisser sa valeur. Quand la valeur baisse, ils cherchent moins de bitcoins, ce qui provoque une hausse. Encore une fois : la quantité certaine maximum, quelques milliards en tout, ne sera jamais dépassé.
- Ce qui élimine l'inflation.
- Parfaitement. Pourquoi les hackers préfèrent le bitcoin ? Parce qu'ils savent qu'un algorithme est incorruptible, il ne tombe pas amoureux et il répond toujours de la même manière à quiconque, peu importe son grade.
Ils continuèrent ainsi pendant une demi-heure, quand Paul fut interrompu par un important message d'AnonymX.

mercredi 21 octobre 2015

Billet AnonymX-De l'inutilité de Wikipédia


Lors d'une promenade par une chaude soirée d'été, je suis passé devant un arbuste aux petites feuilles, vert profond, aux fleurs d'un très beau bleu. J'avais été saisi longtemps à l'avance par le parfum délicat et tellement exotique qu'il dégageait. J'ai attrapé par réflexe mon portable afin d'en apprendre plus sur l'origine de cette plante. Mais comment lancer une recherche d'après une odeur ?

Wikipédia n'était pas pour la première fois inutile. Et sur Google pour lancer une recherche il fallait le mot. Pas l'odeur, pas le goût, pas l'air de musique. Le mot... le langage.

J'en fus frustré par ce manque d'instantanéité mais finalement bien décidé d'en trouver ma réponse. Je commençai par contacter plusieurs fleuristes. D'abord dans mon quartier. Quelques-unes furent incapables de m'en dire plus. D'autres me suggérèrent de fausses pistes. Quand finalement un fleuriste de l’Île de la Cité m'a donné une indication claire je sus que c'était la vraie. Depuis Pierre est devenu mon fleuriste favori.

Cette histoire exemplifie bien la situation paradoxale de la nouvelle économie qui est en train d'émerger. Comme remarquait une amie il semble que ce qu'elle nous donne, la new-tech nous le reprend par la quantité presque illimitée de données personnelles. Effrayant. Pourtant il faut l’apprivoiser. En être lucide.

Le gain du temps qu'elle permet n'enlèvera jamais de la qualité humaine de contacts. L'odorat, le goût les derniers bastions de notre indépendance, au même titre que le sens de la musique, de l'art ne pourront jamais être informatisés. Il est à espérer qu'ils seront encore plus développés dans le futur. À quelques conditions. Quelques unes décrites dans l'AnonymX. Saurons nous éviter ces horreurs possibles ?

La plante en question est le céanothe, un arbuste de la famille des lilas qui nous vient de la Californie. Comme la Silicon Valley. Mais cela est probablement un simple hasard.

jeudi 15 octobre 2015

Billet AnonymX- La maison intelligente


Imaginez une maison où personne d'autre que vous ne peut entrer. Imaginez une maison qui peut créer une atmosphère lumineuse, mettre de la musique en fonction des vos goûts, établir la température idéale, préparer votre bain, vous informer de l'état de vos réserves et commander vos produits de base. Plus encore imaginez une maison intelligente qui garde en mémoire toutes vos mesures de santé, pendant toute votre existence. Vous l'avez très bien imaginée car elle existe presque. Serait-elle désirable ?

Imaginez maintenant que ces données sont cueilli et connues par vos assureurs qui profitent pour vous exiger des mensualités en fonction de votre risque. Le calcul de la morbidité existe depuis longtemps. Il sera seulement plus poussé. Big data oblige. Un monde effrayant ? Les multinationales d'AnonymX ont certainement dépassé des limites imaginables.

Pourtant rien de ce que l'homme invente n'est dépourvu de danger : imaginez l'hécatombe d'accidents de la route avant la généralisation de la voiture autonome, sans chauffeur. D'accord ! Là, je n'anticipe pas assez. Allons à l'autre extrême de la frise du temps : la maîtrise du feu a permis la flèche. Qui a assuré une meilleure alimentation. Qui a développé un peu plus le cerveau. Qui a permis plus de temps pour d'autres activités. Et ainsi de suite...

Il serait vain et suicidaire d’interdire l'oxygène sous prétexte qu'il entretient des incendies. De la même manière interdire innovations serait priver l'humain de ce qui l'a amené jusqu'à aujourd'hui.

On ne connaît pas de société ayant disparu par trop d'inventions. Mais les bouleversements actuels déstabilisent la plupart. Et de plus en plus on réalise qu'une société se meurt non pas à cause des inventions mais par des institutions mal adaptées et qui, pour certaines, risquent de ne pas résister à ce feu, cette seule force réellement disruptive : l'action humaine.

vendredi 9 octobre 2015

Billet AnonymX

  
   Un lecteur, que je remercie chaleureusement,  m'a demandé par mail comment et pourquoi j'écris. J'essaierais de lui faire un court billet. 

    Demander pourquoi on écrit est un peu comme comprendre comment on marche. Et ce n'est pas une mince affaire d'expliquer comment on marche : il y a les os, les muscles et  l'énergie nécessaire, il y a le sens de l'équilibre, le tout coordonné par le  système nerveux avec le cerveau avec à peu près un million de milliard de connexions. 

   Ainsi de l'écriture qui est une continuation des idées, qui elles, sont infinies. L'écriture bien que difficile s'est imposée à moi par les idées qui se bousculaient dans ma tête. Donc demander pourquoi on écrit sur une chose plutôt que sur une autre, c'est déjà s'approcher un peu plus de la source de nos préoccupations. 

   J'ai toujours considéré que prévoir le futur était plus important qu'expliquer le passé. Sauf qu'il y a un hic ! De celui-ci je me suis rendu compte assez tard, à savoir que pour prévoir l'avenir il faut connaitre le passé. N'envisager que le futur et on entre dans un excès d'optimisme. N'étudier que le passé et l'on sombre dans le désespoir car les exemples de catastrophes, surtout en Europe, ne manquent pas. 

   Quoi qu'il en soit on assiste dans le présent à ce que certaines nomment une nouvelle révolution. Mais à l’instar de celle qui nous a amené jusqu’à aujourd'hui, parmi la myriade d' invention, une va marquer la société tout entière de manière prépondérante. C'est pour cela que dans AnonymX il y a une qui déterminera des enchainements sociaux majeurs. Moi, qui ai une formation d'économiste, je sais qu'on s'étonne de ce qu'on ne peut mesurer l'impact de la new tech. Mais pourra-t-on jamais le faire pour le temps que l'on gagne, pour l'accessibilité en temps réel, pour l'instantanéité ? Cela a déjà changé nos perceptions. Car de cela il s'agit aussi, on ne choisit pas un nouveau gadget mais un nouvel état d’esprit : le plus cool possible. 

   Ce sont ces préoccupations qui m'ont poussé à écrire ce cyber-polar que j'ai voulu crédible, en tout cas possible et que certains excès je voudrais ne jamais voir arriver.

Cordialement, 

Alain Kolb